SOFA

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Non, je ne regrette rien

Chapter V - Page 5
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Alouette

Le port d'Amsterdam

Dans le port d'Amsterdam, y a des marins qui chantent,
les rêves qui les hantent, au large d'Amsterdam.
Dans le port d'Amsterdam, y a des marins qui dorment,
comme des oriflammes, le long des berges mornes.
Dans le port d'Amsterdam, y a des marins qui meurent,
pleins de bière et de drames, aux premières lueurs.
Mais dans le port d'Amsterdam, y a des marins qui naissent,
dans la chaleur épaisse, des langueurs océanes.

Dans le port d'Amsterdam, y a des marins qui mangent,
sur des nappes trop blanches, des poissons ruisselants.
Ils vous montrent des dents,a croquer la fortune,
a décroisser la lune, a bouffer des haubans.
Et ça sent la morue, jusque dans le cœur des frites,
que leurs grosses mains invitent, a revenir en plus.
Puis se lèvent en riant, dans un bruit de tempête,
referment leur braguette et sortent en rotant.

Dans le port d'Amsterdam, y a des marins qui dansent,
en se frottant la panse, sur la panse des femmes.
Et ils tournent et ils dansent, comme des soleils crachés,
dans le son déchiré, d'un accordéon rance.
Ils se tordent le cou, rour mieux s'entendre rire,
jusqu'à ce que tout à coup, l'accordéon expire.
Alors, le geste grave, alors, le regard fier,
ils ramènent leur batave, jusqu'en pleine lumière

Dans le port d'Amsterdam, y a des marins qui boivent
et qui boivent et reboivent, et qui reboivent encore.
Ils boivent à la santé des putains d'Amsterdam,
de Hambourg ou d'ailleurs, enfin, ils boivent aux dames,
qui leur donnent leur corps, qui leur donnent leur vertu,
pour une pièce en or, et quand ils ont bien bu,
se plantent le nez au ciel, se mouchent dans les étoiles
et ils pissent comme je pleure, sur les femmes infidèles.

Dans le port d'Amsterdam! dans le port d'Amsterdam! (bis)